Une dynamique de l'insignifiance

Les médias, les citoyens et la chose publique dans la « société de l'information »

ISBN 2-910227-42-1

 

Presses de l'enssib
école nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques


Ce livre est issu de deux études successives, demandées par la Mission Prospective de la Communauté Urbaine de Lyon dans le cadre de la réflexion collective que celle-ci a engagée sur l'évolution de la citoyenneté et des formes de partage des connaissances.

Rarement des mots et des chiffres n'ont autant divergé. D'un côté les multiples annonces d'une « société du savoir » fondée sur le développement des échanges d'information, de l'autre des indicateurs plus discrets mais convergents, montrant que les citoyens désertent massivement l'espace public. Selon cette double étude, qui se fonde sur l'examen de nombreuses données, l'enjeu démocratique de ce siècle réside moins dans le développement des réseaux électroniques que dans celui de l'information elle-même, le journalisme, et la préservation de sa capacité à faire sens pour des publics de plus en plus indifférents et fragmentés. Mais le journalisme, harcelé par les critiques, économiquement vulnérable, et, surtout, privé de visibilité par l'absence de toute recherche professionnelle, trouvera-t-il les moyens de continuer à jouer durablement son rôle ?

Pour ceux qui penseraient encore que la multiplication des moyens de communication électroniques pourra conduire à l'émergence de super-citoyens, membres informés d'une société éclairée, ce livre va causer un choc. Non, la société des « nouveaux médias » n'est pas la « société de l'information ». L'information, c'est autre chose, et cet autre chose paraît au contraire se désagréger. Que l'on examine l'évolution du lectorat de la presse, celle de la participation électorale, ou encore celle des connaissances des citoyens en matière politique, économique, scientifique ou culturelle, les très nombreuses données analysées ici sont éloquentes : les citoyens désertent massivement l'espace public. Toutefois, le plus surprenant réside moins dans cette situation que dans le fait que ce problème majeur ait pu demeurer presque inaperçu. Alors que tant de plans et de rapports ont été consacrés à l'évolution des outils de communication, ce document est le premier à analyser enfin sérieusement la question du sens, en rapprochant systématiquement des indications jusqu'alors négligées. Celles-ci le conduisent à une série de constats surprenants et parfois inquiétants, mais toujours très sérieusement étayés.

Sa première partie, consacrée à l'évolution des flux d'information, à leur nature et, surtout, à leurs destinataires, remet en cause bien des idées reçues. Non seulement l'évolution vers une éventuelle « société de l'information » est très largement antérieure au développement des nouveaux médias et ne leur est pas liée, mais tout indique que ses principaux responsables publics et privés se méprennent sérieusement sur les évolutions en cours, faute, notamment, de s'intéresser au rapport des citoyens à l'information. Or l'étude de celui-ci confirme un phénomène de fragmentation de l'intérêt sans précédent, d'autant plus inquiétant que cette question, qui touche au fondement même du principe démocratique, constitue une véritable zone d'ombre en l'absence de tout suivi sociographique. Sait-on, par exemple, que la dernière enquête solide sur les connaissances économiques du public remonte en France à plus de trente ans et que nul ne semble s'en être préoccupé depuis ?

Face à cette situation, la seconde partie analyse la capacité des acteurs de la scène publique à assurer durablement l'échange des informations et des connaissances nécessaires à la compréhension de celles-ci. Ce ne sont pas, en tout cas, les industriels des nouvelles technologies et des réseaux qui alimenteront cet échange. Pas plus que les consultants en marketing et les publicitaires, dont l'ouvrage (qui dissèque notamment les aberrations de la campagne en faveur de l'euro) pulvérise les prétentions à intervenir en spécialistes dans la communication publique. Quant au journalisme - que l'auteur choisit d'aborder non sous l'angle de dérives souvent dénoncées mais sous celui de sa fonction capitale dans l'échange social du sens - il apparaît ici comme découragé, privé de visibilité et dépourvu des moyens de préserver son rôle et de développer son expertise professionnelle. Mais tient-on vraiment à ce qu'il dispose de tels moyens ? A ceux qui se contenteraient volontiers d'un journalisme affaibli et condamné à la frivolité, ce plaidoyer rigoureux vient à point pour rappeler, données en main, que qui rêve d'une « société de l'information » sans informateurs n'aura ni information... ni société.

 

272 pages - 16 x 24 cm
ISBN 2-910227-42-1

Presses de l'enssib
école nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
17-21, boulevard du 11 novembre 1918 - 69623 Villeurbanne cedex

vous pouvez vous le procurer ici

 

 

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